REVUE DE PRESSE: VOYAGE DE LUXE #71 de février 2017 – Rubrique Testé pour vous
TOUT d’un grand…
Six mois de chantier, une vingtaine d’artisans, de la pierre de Bourgogne, des tomettes provençales… Le Petit Palais d’Aglaé, à 1,3 km de la place du château, est posé au milieu d’un jardin fabuleux, avec une piscine et des arbres fruitiers à perte de vue. ■ Michèle Lasseur
Le village perché a pris les couleurs d’automne. C’est peut-être la plus belle saison à Gordes. Par 14 degrés, quelques habitués de la place Genty Pantaly, assis à la terrasse du bistrot le Cercle Républicain, ouvert depuis 1911, maudissent la fraîcheur. La ville a accroché ses maisons à la colline qui s’étagent jusqu’au château Renaissance et montent jusqu’à l’église Saint Firmin et sa tour carrée. Nous prenons la route qui conduit au Petit Palais d’Aglaé, sur fond de lavande et d’oliviers. Des murs de pierres sèches attirent le regard. Elles sont posées à sec, sans mortier, méthode ancestrale utilisée par les Gordiens qui épierraient la garrigue pour cultiver la terre. La maison a de bons arguments en sa faveur : des pièces lumineuses, de grandes chambres, un jardin doté d’une piscine et un spa entouré d’un plan d’eau composé de nénuphars. Elle offre le confort et le service de l’hôtel alliés à la liberté d’une maison de vacances.
Sous l’aile des Trois Grâces:
Sarah Lauferon, la propriétaire, a jonglé avec les volumes, fait preuve d’audace dans la décoration avec ses complices le paysagiste écossais Clemons Tyson et l’architecte Pascal Reynaud. Pour cet architecte de talent qui a travaillé pour le Centquatre Paris et la Friche la Belle de Mai à Marseille (85 000 m2), chaque projet dépend d’une situation géographique, d’une histoire. « Il m’a semblé important d’offrir une nouvelle identité au lieu, mais surtout de tenir compte d’une exposition exceptionnelle ». Pascal Reynaud a imaginé une trame architecturale horizontale afin d’embrasser le plus possible la vue et de garder intacte la végétation. Le challenge consistait aussi à transformer une demeure provençale en hôtel ! 640 m2 et neuf chambres dans la maison d’habitation, plus deux chambres dans une petite maison vers la piscine. Pour l’heure, le feu crépite dans la cheminée. Dans le salon, la vision panoramique a été étirée au maximum pour profiter d’une vue sur le verger. Au sol, la pierre de Bourgogne est de mise. Des tentures d’un rouge sombre habillent les fenêtres, des velours lisses recouvrent les chaises. Les tissus viennent de la Maison Casal, place des Victoires à Paris. Une production presque artisanale. Les fauteuils Renaissance italienne ont un côté trône, émouvants d’ingénuité. La hauteur étonne ! Ils sont faits sur mesure par une société à Pantin dans un bois de chêne classique. Les lustres en demi-lune jettent des couleurs jaune bouton d’or, rouge, prune, blanc. « Fait en Hongrie », souligne Sarah. Pourquoi la lune ? « C’est très féminin. Le potager a aussi un esprit lunaire, très méditatif et reposant ». Sur les murs sont accrochés des tableaux sur le thème des Trois Grâces, Euphrosyne, Thalie et Aglaé. L’occasion d’aller ouvrir mon vieux livre Chrestomathie Grecque pour vérifier les dons des compagnes d’Aphrodite. Euphrosyne est celle qui réjouit le cœur, Thalie celle qui fait fleurir, et Aglaé la brillante. Elles nous accompagnent au détour de chaque chambre. Hôtelière depuis 25 ans, Sarah Lauferon a choisi la vaisselle, le linge de maison, les bouteilles de la cave et… le mobilier des chambres. On y trouve des têtes de lit travaillées en bois cérusé, des fauteuils crapaud, des canapés profonds et de gros coussins. La mienne est dans les tons orange et taupe avec une tête de lit boutonnée. « La réussite d’un agencement réside dans le subtil équilibre entre l’émotion provoquée par les couleurs et la fonctionnalité des formes ». Et les couleurs font du bien !
La table du chef : L’Euphrosyne
Conçu pour la méditation, le Petit Palais d’Aglaé offre de grands espaces qui débordent sur le paysage. Au-delà du potager de 500 m2 planté de cerisiers, poiriers, abricotiers, la garrigue reprend ses droits avec des fleurs folles et même des asperges sauvages et des cornichons gicleurs. Tout sourire, le chef Frédéric Trabuch revient du potager les bras chargés de fenouil, serpolet, framboises, pimprenelles et blettes… Dans la cuisine ouverte, il prépare le pigeon en croûte de verveine, purée aux agrumes, salsifis, carottes du jardin. Né à Grenoble, tout jeune, il a la vocation. Il est engagé en 2007 au restaurant gastronomique du Prieuré à Villeneuve-lès-Avignon où il apprend avec Fabien Fage, récompensé d’une étoile au Michelin en 2010. Il y peaufine les saveurs provençales et raffinées. Après une escapade en Suisse puis à l’Auberge de Cassagne au Pontet Avignon, se présente alors le défi inattendu d’ouvrir en juin 2016 le restaurant du Petit Palais d’Aglaé. Et d’inaugurer sa fonction de chef ! Son credo : la nature, le bio, le potager. Deux heures après, c’est dans l’assiette. Il s’approvisionne chez les petits fournisseurs qu’il sélectionne et choisit l’agneau des Alpilles, le cochon du Ventoux, le veau de l’Aveyron… Ce soir, il a préparé des gambas snackées avec une fondue de tomates à la marjolaine et une recette typique provençale, le crespeou. Une superposition d’omelettes en fines couches : à la tomate, aux herbes, à l’olive et la dernière au safran. Servies avec un coulis de poivron rouge. Un arc-en-ciel de saveurs !
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